Histoire
Sommaire
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1. La Préhistoire
-200,000 à -100,000 ans :
L’homme est arrivé en Mongolie. Les premières occupations humaines ont été découvertes dans le Sud des régions de Khangai et du Gobi. La Mongolie, est très riche en objets préhistoriques. Dans le sud des régions, il y a grand nombre de pierres taillées et d’armes primitives qui ont été faites en partie de galets ayant été taillée pour être tranchantes. Ce sont des outils pour servir à dépecer la chair des animaux, à préparer leurs peaux et à écorcher.
-40,000 à 12000 ans :
Les sites les plus importants de Mongolie de la période du Paléolithique se trouvent dans l’aimag Bulgan. Les fouilles et les objets préhistoriques indiquent que la région a été occupée par des mammouths, des cerfs préhistoriques à grand bois, des rhinocéros à fourrure de Sibérie, des bisons et différents types d’antilopes. L’homme de cette période a fait beaucoup de progrès dans les techniques de chasses. On suppose que les grandes familles se formèrent pendant cette période. Le réchauffement climatique permet aux hommes de quitter les grottes pour s’établir dans les vallées au bord des rivières.
Age de bronze :
+ Ve siècle av. J-C :
A cette période l’élevage est très répandu en Mongolie. Des dessins rupestres illustrent l’expansion de l’élevage : chasseurs, pâtres conduisant leurs troupeaux, chars stylisés. Les objets des fouilles sont des charriots à roue, des tentures murales en feutres, des mors et des brides, des tapis de selle en soie brodée, des objets de bois sculptés.
Age du fer
+ IIIe siècle av J-C :
Les objets de fer trouvés dans les tombes à dalles montrent que l’expansion de la ferronnerie s’est faite vers le sud du lac Baikal.
Les pierres de cerfs
(1100 et 800 av J-C)
Ces stèles dont certaines atteignent 4,50 m de hauteur, montrent des ceintures équipées de flèches, de haches et d’outils de l’âge du bronze, des cerfs, la lune et le soleil. Autour de chaque stèle, plusieurs chevaux ont été sacrifiés. Leurs têtes ont été enterrées en cercle autour des monolithes, le museau pointe vers le soleil levant. On a retrouvé près de 600 pierres en Mongolie.
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2. Les HUNS (l’origine du premier empire des steppes)
A la fin du III e siècle avant notre ère, les HUNS, ethnie proto-Turk ou proto Mongols, possèdent une métallurgie très développée, une cavalerie lourde et légère. Ils sont à l’origine du premier empire des steppes.
La Muraille de Chine
(221-907 av J-C)
L’empreur Qin Shihuang de la dynastie des Zhou de l’est, les Hans et les Tangs ont construits la Grande muraille de chine pour se protéger de l’invasion des HUNS.
Les fouilles archéologiques ont mis à jour plusieurs vestiges HUNS : de petits cimetières pour les preux et de véritables nécropoles pour les princes, les chanyu. Les objets archéologiques retrouvés sont des morceaux de textile et de feutre, des crânes de chevaux, des selles et des brides.
Plusieurs empires se succèdent ainsi :
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IIIe siècle av. J.-C.-IIe siècle : Confédération des Xiongnu.
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IIe-IIIe siècle : Confédération des Xianbei.
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IVe-VIe siècle : Confédération des Ruanruan.
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924-1125 : Empire des Khitans. Ils fondent la dynastie Liao en Chine du nord en 947.
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1125-1206 : Confédération des Mongols, préambule des conquêtes mongoles.
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1206 : Empire mongol de Gengis Khan.
Le plus célèbre est la plus vaste des empires des steppes, celui de Gengis Khan. Son père, Esugei, avance le projet de confédération que Gengis reprend à son compte après avoir vaincu son ancien maître. Il est à l’origine du clan Borjigin (1190-1195). Gengis est né en 1155. Quand il a eu 8 ans, son père Esugei est empoisonné par les clans rivaux Tatars, Merkit, Naiman et Kereit. Les Borjigin sont bondonnés par leurs alliés et leurs vassaux. A l’âge adulte, Temujin (son nom d’enfant) tente de rassembler son clan. Dans la dernière décennie du XIIe siècle, Temujin est reconnu comme Han (chef). A cette époque, il pose les fondations d’un Etat militaire nomade. Temujin fonde l’Etat Mongol en 1206. Llors d’une assemblée, les représentants de chaque clan lui choisissent le nom de Gengis Khan. A ce titre, il organise et complète les bases de son armée. Il crée l’administration permanente grâce à l’alphabet ouigour qui élabore l’écriture traditionnelle mongole. Gengis Khan dote ainsi son empire d’une législation et d’une jurisprudence qui posent les bases d’une ‘nation’ mongole.
Chronologie des conquêtes jusqu’en 1227
1206-Fondation de l’empire Mongol
1207-Soumission du sud de la Sibérie
1209-Soumission des Xixia
1211-Début de l’invasion de la Chine du Nord (Jin)
1212-Adhésion « spontanée » des Khitan de Mandchou
1214-1215-Invasion de la Mandchou
1215-Prise de Pékin
1218-Conquête du Turkestan oriental
1219-Première expédition en Corée
1219-1221-Conquête du Khorisme
1221-1227-Expédition à travers l’Azerbaidjan
1225-1227-Destruction de l’empire Xixia
1227-Mort de Gengis Khan
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4. Les descendances Gengiskhanides
De son vivant, Gengis Khan a divisé l’état mongol en quatre grandes zones, réparties entre ses quatre fils de sa première épouse, Borte. Après la mort de Gengis Khan, la vigueur conquérante des Mongols ne diminue pas. Au cours du XIII e siècle, sous le règne d’Ogoodei, les conquêtes s’organisèrent de manière plus systématique. La souveraineté d’Ogoodei semble relativement bien acceptée.
Chronologie des conquêtes sous le règne d’Ogoodei
1231 et 1236-Tentatives infructueuses de conquête de la Corée
1234Achèvement de la conquête de la Chine du Nord jusqu’au fleuve Jaune,
destruction de l’empire des Jin
1235-1239-Conquête de la Transcaucasie : Grande Arménie 1236, Géorgie 1239
1236-1238-Première campagne en Russie : Victoire Horde d’or
1239-1240-Seconde campagne de Russie : chute de Kiev et annexion de l’Ukraine
1241-1242-Invasion de la Pologne, de la Hongrie et de la Moravie
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5. L’empire Mandchou : les Qing
Une vingtaine d’années après la mort d’Altan, Ligdan khan (1604-1634), souverain des Chahar, entreprend une dernière tentative d’unification. Entre 1628 et 1636, les principautés hostiles à Ligdan prêtent volontairement allégeance aux Mandchous, un peuple d’origine toungouse ayant entrepris la conquête de la Chine des Ming, en plein décadence.
En 1644, avec l’alliance de nombreux princes mongols, les Mandchous fondent la dynastie des Qing (1644-1911), avec Pékin pour capitale.
La division des Mongols
De la fin du XVIIe au milieu du XVIIIe siècle, les Mandchous profitent de la rivalité entre les principautés mongoles orientales et occidentales, les Oirad. Ils continuent les campagnes militaires visant la soumission de tous les Mongols. En 1627, les Oird se rassemblent dans le khana Zuungar ou Zuungar et élisent Galdan au titre khan. Avec un chef entreprenant à leur tête, les Zuun envahissent le territoire de la Mongolie khalkh entre 1688 et 1690. Afin d’échapper aux Oirad, les chefs des grandes principautés Khalkh réunis aux Sept Lacs en 1691, passent un accord solennel par lequel ils reconnaissent la suzeraineté de l’empereur mandchou. S’alliant cotre les Oirad et prêtant allégeance aux Mandchous, les Khalkh érigent en symbole du renouveau de leur unité le plus haut dignitaire du bouddhisme mongol, le Janvzandamba hutagt Zanabazar alors âgé de 53 ans.
En 1697, les armés mandchous libèrent le territoire khalkh de l’emprise de Galdan khan. Après quelques années de répit, elles s’attaquent au territoire oirad. Galdan est éliminé en 1745. De 1754 à 1756-1757, les Mandchous achèvent le processus de soumission des Mongols avec l’extermination des Zuungar. Cette défaite crée un mouvement de migration de plusieurs groupes oirad, dont les Torguut qui migrent vers les rives de la mer Caspienne et le bassin de la Volga. S’y installant définitivement, ils forment le groupe Khalmag ou Khalimag.
Les souverains Qing exercent alors un contrôle strict de la Mongolie afin de prévenir une éventuelle restauration de la puissance impériale. Ils protègent ainsi la frontière septentrionale de leur empire contre la menace russe, dont la pénétration de la Sibérie est déjà bien avancée. A Pékin, un ministère particulier, le cour régissant les pays vassaux, organise la vie sociale et politique des Mongols. Une bureaucratie « à la chinoise » élabore et applique une législation volumineuse, pointilleuse et presque exclusivement répressive, grâce à la présence des amban (« résidents impériaux »). La sinisation de la dynastie Qing permet la pénétration chinoise en Mongolie.
Les Qing transforment en aimag (« provinces ») les trois principautés khalkh se partageant le pays avant 1691, et en hoshuu (« bannière ») les huit unités qui leur sont alors subordonnées. Chaque prince est à la tête d’un fief indépendant et directement lié à l’empereur Qing par allégeance, mariages, services, titres ou autres. Les Mandchous transforment ainsi ces principautés en unités administratives dépendantes de Pékin. Parallèlement, ils accentuent et fixent les divisions
Territoriales : le Sain Noyon, un quatrième aimag est créé en 1725, tandis que les hoshuu sont au nombre de quatre-vingt-six à la fin du XVIIIe siècle.
Le renforcement du pouvoir des monastères
Les Qing appliquent une politique ambigué à l’égard de la hiérarchie bouddhique dont l’influence est importante au sein des Mongols, autant dans les cours princières que parmi les pasteurs nomades. En 1639, un nouveau « Bouddha vivant », le Jebchundamba khutagt, Javzandamba khutagt en mongol moderne, également nommé Bogdo Gegeen, se révèle au sein de la descendance d’Abtai khan, donnant naissance à une lignée de huit dignitaires.
Le premier d’entre eux est Zanabazar, artiste célèbre et politicien habile. Fervent bouddhiste ayant reçu des enseignements au Tibet, il fait construit plusieurs monastères en Mongolie, dont les premiers temples d’Ikh khuree en 1654. Comme cadeau d’intronisation, il reçoit plusieurs shav (« oblats assujettis ») de son père Gombodorj khan. Après lui, les dons de shav comme signe de dévouement des princes laïques à l’Eglise bouddhique se multiplient.
Le statut des shav est différent de celui des simples. Les shav sont regroupés dans des unités territoriales appelées otog dont le patriarche et le secrétaire sont directement subordonnés au Javzandamba khutagt, lui-même dépendant de l’empereur Qing. Les shav’ sont exemptés du paiement des taxes et impôts aux princes laïcs ; ils travaillent pour le monastère auquel ils sont rattachés.
Riches, les monastères occupent rapidement une place économique majeure et jouent un rôle politique dans les affaires séculières du pays. Se sentant, menacés, les princes mongols établissent d’autres réincarnations de divinités bouddhiques au sein de leurs propres lignées. Le mouvement de dévotion de l’aristocratie locale prend une telle ampleur qu’en 1796, on dénombre 114 réincarnations de khutagt (« Bouddha vivant ») en Mongolie.
Parallèlement, les Qing tentent de lutter contre une trop grande communauté d’intérêts entre le clergé et les princes mongols. Ainsi, à partir de 1761, les incarnations du Javzandamba, désignées par décret de l’empereur Qing, ne sont plus trouvées parmi les Mongols, mais au Tibet, au sein de la plus haute noblesse. A partir du Troisième Javzandamba, les Tibétains à la tête de la hiérarchie bouddhique mongole partagent moins d’intérêts avec les princes khalkh que leur deux prédécesseurs, mais demeurent néanmoins leurs alliés. Au XVIIIe siècle, les Qing coupent les Mongols de tout contact avec le « monde extérieur ». Ils installent une zone militaire à la frontière russo-mongole, édictent un code de loi prohibant tout lien avec les Chinois, etc. Par l’intermédiaire des amban, le protectorat Qing est beaucoup plus strict et répressif qu’au Tibet.
Bien que la pénétration des steppes soit interdite aux commerçants chinois, ces derniers s’y introduisent progressivement, ruinant les éleveurs et les princes lors de transactions douteuses et de prêts à intérêts exorbitants. Au XIXe siècle, les premiers colons chinois s’approprient les meilleures terres de Mongolie, repoussant les Mongols vers le Nord.
A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la Mongolie connaît une crise économique et sociale, une urbanisation anarchique et improductive. L’endettement des Mongols auprès des usuriers chinois est important : les éleveurs dépossédés se dévouent aux monastères bouddhiques, seuls îlots de prospérité dans un contexte de pauvreté généralisée.
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6. Histoire contemporaine
La diminution de la puissance des princes de khoshuu sous le poids des usuriers chinois augmente la pression sur la population. En 1873, la Mongolie compte près de 84 000 sav, soit 10 000 familles entièrement dévouées aux monastères. Au début du XXe siècle, la seule force organisée et prospère est représentée par la hiérarchie bouddhique, qui diffuse la culture tibétaine dans le monde mongol.
Le gouvernement Autonome (1911-1919)
En 1911, les Qing sont fragilisés par les mouvements républicains chinois. En Mongolie, en raison de sa puissance économique, de son unité, de son prestige et de son autorité, seul le pouvoir bouddhique est à même de prendre une initiative. En juillet, rassemblés autour de Huitième Javzandamba, ou Bogdo gegeen, les princes mongols et les hauts dignitaires ecclésiastiques déclarent l’indépendance du pays. Après le début de la révolution chinoise, une administration provisoire constituée de princes mongols et ecclésiastiques, soutenue par la Russie tsariste, prie le gouverneur Qing de Khuree (Urga, la future Oulanbator) de quitter le pays. Le Bogdo gegeen monte sur le trône de la Mongolie et installe la capitale de la « Mongolie autonome » à Khuree.
Un accord signé en 1912 avec la Russie protège désormais la Mongolie contre la menace chinoise. Les Mongols chassent les Qing qui stationnent encore dans le pays. Dès lors, la diplomatie tsariste tente de freiner les aspirations à l’indépendance et à la réunification du nouveau gouvernement mongol. En 1913, dans une déclaration commune, la Chine reconnaît l’autonomie de la « Mongolie extérieure » et la Russie reconnaît la suzeraineté chinoise sur la « Mongolie intérieure ». Abandonnant leurs vues séparatistes et laissant le contrôle de la Mongolie intérieure au Chinois, le Bogdo gegeen et le gouvernement indépendantiste mongol contresignent cette déclaration en 1915.
Sous le ‘Gouvernement autonomie », l’armée mongole est dissoute et le pays devient rapidement une province dirigée par Pékin. Progressivement, les colons chinois refont leur apparition en Mongolie. Laines, cuirs et fourrures mongols procurent des richesses aux commerçant et usuriers chinois, et aux firmes russes, anglaises, américaines ou allemandes, nouvellement installées.
La révolution populaire (1921-1924)
La renonciation du Bogdo gegeen à l’Autonomie réveille la fibre nationaliste d’une population d’éleveurs ruinés, de petits fonctionnaires, de moines et d’anciens militaires. En Novembre 1919, l’armée chinoise écrase les mouvements autonomistes. Cependant, deux cercles révolutionnaires se constituent : le « cercle d’Urga » et le « cercle du Consulat », proche du Consulat tsariste. La Douma soviétique contrôle déjà l’ensemble de la communauté russe d’Urga quand les deux « cercles » fusionnent en 1920. Prenant le nom de Mongol ardin nam (« Parti populaire mongol »), le cercle unifié envoie une délégation pour obtenir l’aide de la Russie soviétique.
Présent depuis la guerre russo-japonaise (1904-1907) en Mongolie intérieure, le Japon saisit l’opportunité du chaos chinois pour lancer une nouvelle offensive en Mongolie. Il finance d’abord le mouvement par-mongol dirigé par le général Semionov et par le Neise gegeen, un dignitaire bouddhiste.
Ensuite, au débutde 1920, le Japon soutient le baron balte Roman Ungern von Sternberg, chef d’une armée de mercenaires, active en Mandchourie. Il espère ainsi freiner l’avancée de l’Armée Rouge.
Avec l’aide japonaise, Ungern pénètre en Mongolie. Au début de l’année 1921, il libère la capitale mongole Urga et le Bogrdo gegeen, qui était alors assigné à résidence par les Chinois. Il restaure l’indépendance du pays sous le contôle du Bogdo gegeen, rétabli sur son trône, et du gouvernement des princes mongols. Les Russes blancs réfugés en Mongolie s’allient à Ungern, le nouvel « homme fort » de la situation. Mais les violences, les pillages et les nombreux meurtres commis par ses armées favorisent l’essor des sympathies révolutionnaires.
Au début du printemps 1921 en Russie, la délégation du PPM fonde le « Parti populaire révolutionnaire mongol » et constitue un gouvernement provisoire destiné à organiser l’unification des deux Mongolie (s) et les luttes contre l’occupation chinoise, la tyrannie d’Ungern et le régime du Bogdo gegeen. Le gouvernement provisoire gagne rapidement l’adhésion des populations dans les zones soumises à Ungern. Conscient des manœuvres entreprises par le gouvernement du Bogdo gegeen pour s’opposer demande à la Russie soviétique l’application des clauses d’aide des accords de 1920. En juillet 1921, les armées mongoles et soviétiques ayant libéré Urga, les membres du gouvernement provisoire et du comité central du PPRM entrent triomphants dans la capitale mongole. Ungern est jugé et exécuté à Novossibirsk en 1921.
Dans la déclaration d’indépendance de 1921, Bogdo gegeen garde un titre et un trône honorifiques, tandis que le gouvernement provisoire pérennisé récupère la totalité du pouvoir. Le gouvernement révolutionnaire est composé d’un premier ministre. D. Bodoo, d’un ministre des Finances, S.Danzan, d’un ministre de la Guerre, Damdini Sukhbaatar (1893-1923), et de deux cabinets ministériels tenus par des nobles de l’aristocratie mongole. De 1921 à 1924, sa préoccupation principale est la destruction du régime antérieur : nationalisation de la terre, abolition des anciens privilèges de l’aristocratie et des dettes auprès des marchands étrangers. Il ébauche une législation et organise l’administration. Il esquisse un système de représentation national et modernise l’armée en s’inspirant de la Russie soviétique, seul Etat à le reconnaître.
En 1992, sur le modèle des services secrets russes, un organisme de renseignement et de sécurité d’Etat est créé. Il semble avoir joué un rôle dans la division du gouvernement provisoire à la suite de la montée de partisans d’une révolution « à la soviétique », dont il soutiendra la prise de pouvoir. En effet, au sein du gouvernement, une fracture apparaît rapidement entre les tenants de l’indépendance et les défenseurs d’un système nouveau, inspiré de la Russie.
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7. Naissance de la République Populaire de Mongolie
Le 20 mai 1924, alors que les relations entre révolutionnaires mongols et russes se renforcent, la mort du Bogdo gegeen favorise les tenants de la révolution. En novembre 1924, la première grande assemblée nommée Khural (le parlement national), adopte la constitution fondatrice de la République populaire de Mongolie, qui devient ainsi le premier pays satellite de l’URSS.
La capitale Urga est rebaptisée Oulanbator (ville du « héros rouge »). Les dissensions augmentent entre les tenants d’une orientation soviétique, tel l’intellectuel bouriate Elbegdorj Rinchino, alors secrétaire général du Conseil militaire et du Comité central du Parti soutenu par Khorloogin Choibalsan (1895-1952), et les partisans d’une indépendance et d’une et d’une unification des deux Mongolie(s), comme le chef de l’armée Danzan. Les éliminations réelles commencent, Danzan est fusillé en 1924 avec d’autres partisans de l’indépendance, probablement sur l’ordre de l’URSS. Il est remplacé par Dambadorj, mais c’est alors E.Rinchino qui détient véritablement les rênes du pourvoir.
Avec l’aide soviétique, la République populaire organise son système bancaire. En juin 1924, la Banque Mongole est créée pour les opérations de crédit. En 1925, elle obtient le monopole de l’émission de la monnaie national : le togrog est le seul instrument de compte et de paiements dès 1928. En 1954, elle devient la Banque d’Etat.
En 1924-1925, la population mongole compte 651 000 habitants. L’élevage est alors la seule ressource de l’économie. Avec le soutien soviétique, la jeune République fonde la première partie de son existence sur le renforcement et la rationalisation du secteur rural. L’URSS exporte des biens de grande consommation sur le marché mongol, tandis que ses achats assurent des débouches pérennes, et à prix fixe, aux produits de l’élevage (peaux et laine).
Si la situation économique et l’organisation de la Mongolie ont radicalement changé, la hiérarchie bouddhique reste propriétaire d’environ 35% du cheptel, soit de 2,6 millions de têtes. Une fiscalité frappe progressivement les anciennes couches dominantes, tendant à les exclure de la vie politique. Ainsi, le privilège fiscal des dignitaires religieux est aboli en 1926. Mais les réformes sont mollement appliquées par des dirigeants hostiles à l’alliance avec l’URSS, dont le premier ministre B.Tserendorj.
1927, les partisans de l’indépendance et de la neutralité sont fragilisés par la montée d’une « opposition rurale » constituée surtout de cadres des partis révolutionnaires locaux et de quelques dirigeants, dont H.Choibalsan, à la direction de l’Union révolutionnaire de la Jeunesse, créée en 1921.
Un tournant radical dans l’orientation socialiste
En 1928, le VIIe Congrès du Parti Populaire de la République mongole constitue une sorte de coup d’Etat de deux personnages : A.Amar (1939), le nouveau premier ministre, et le maréchal H.Choibalsan, responsable du tribunal politique nouvellement créé. L’URSS, depuis peu dirigée par Staline, intime l’ordre à la Mongolie de durcir sa politique de soviétisation. Un tournant radical s’amorce : confiscation de la totalité du cheptel de l’aristocratie laïque et transfert de celui des 2500 monastères recensés aux moines et oblats.
Dès 1929, les unités mixtes se multiplient, liant organismes mongols et société soviétiques. Au début des années 30, un monopole d’’Etat sur le commerce extérieur condamne définitivement l’activité des autres firmes étrangères. Parmi les 752 coopératives rurales recensées au début 1932, bien peu sont rentables : le cheptel, de 23 millions de têtes en 1930 n’en compte plus que de 16 millions. La coopération de la République de Mongolie et de l’URSS devient alors essentielle pour l’économie mongole.
Dès 1930, la politique mongole copie mécaniquement les orientations soviétiques : interdiction du commence privé et anticléricalisme, alors que le peuple mongol reste profondément croyant. Une campagne de purge vise à éradiquer les aspirations nationalistes à l’indépendance et à l’unité pan-mongole. Ainsi, entre 1930 et 1934, plus de 20 000 personnes fuient la Mongolie pour échapper aux purges anti-nationalistes. En 1932, une guerre civile sanglante oppose partisantes et adversaire de l’orientation soviétique du gouvernement. Ecrasée avec l’appui de l’Armée rouge, l’opposition donne néanmoins naissance au courant réformateur du « nouveau tournant ». Au niveau politique, il annonce un retour à l’orientation de 1924, favorable au passage à un socialisme mongol fondé sur l’élevage. Cela n’empêche pas, concrètement, la mainmise de l’URSS stalinienne sur la Mongolie.
Les services de la Sécurité d’Etat entreprennent un « nettoyage » des indépendantistes au sein de l’Etat. En quelques années, de nombreux ministres et les responsables de divers départements d’Etat sont exécutés.
Les années de la terreur
En 1931, le Japon entreprend une vaste campagne militaire et s’empare de la Mandchourie, au déterminent de la Chine, de la Sibérie et de la Mongolie. L’Etat fantoche du Mandchoukou est créé en 1932 et, en 1935, il annexe la majeure partie de la Mongolie intérieure.
En 1936, la présence des troupes japonaises aux frontières de la RPM pousse le gouvernement à faire appel à l’URSS. Avec le renforcement de la présence russe face à la menace nippone, le bureau de la Sécurité intérieure se transforme et ministère, confié à Choibalsan ; les purges redoublent de vigueur. Le maréchal parachève le « nettoyage » des nationalistes, sous la tutelle bien-veillante de Staline. Les propriétés des nobles et des monastères sont définitivement liquidées en 1937-38 : sur les 767 monastères s restant, 724 sont détruits ou complètement « débarrassés » de leurs moines (17 700 moines sont exécutés).
En 1939, Choibalsan est à la fois le ministre de la Guerre et celui des Affaires intérieures. Sa mainmise sur le pourvoir est favorisée par la crainte de la menace nippone-réelle jusqu’en août 1945 –et par la Seconde Guerre mondiale. Durant l’été 1939, à la frontière orientale de la Mongolie, la rivière Khalkh devient le théâtre d’une bataille où le Japon perdra 60 000 hommes. Choibalsan y gagne en prestige et peut imposer l’alliance avec l’URSS. Il impose la réforme de l’écriture mongole en cyrillique, développe et industrialise le pays.
Il crée également l’emblème national, le Soyombo présent sur le drapeau de l’actuelle République de Mongolie. Ce dessin dessin représente l’univers et les frontières de la Mongolie. Ce dessin représente l’univers et les frontières de la Mongolie. Choibalsan aménage les termes d’un culte où il est considéré comme le « petit père du peuple mongol », tandis qu’on oublie le rôle de Sukhbaatar, le « Lénine Mongol ». Ce dernier sera réhabilité en 1990 parmi les nombreux patriotes anti-chinois. Dès janvier 1941, l’Etat met en place un système de livraisons obligatoires des produits de l’élevage et une organisation rigoureuse de l’économie, par plans annuels de 1941 à 1947, puis par plans quinquennaux.
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8. Les années fastes du Socialisme
Soutenu par l’URSS jusqu’à sa mort en 1952, le maréchal Choibalsan organise une dictature sanglante qui lui vaut le surnom de « Staline mongol ». A sa mort, il sera remplacé au poste de premier ministre par Ymagin Tsedenbal (1916-1974), secrétaire général du PPRM depuis 1940, un autre fidèle de Staline et de l’URSS, quand à lui qualifié de « Brejnev ».
Si le réseau des exploitations d’Etat, créé en 1922 pour rationaliser les méthodes de production et de gestion, n’avait pas pour vocation initiale de remplacer l’élevage privé, le système des propriétés de moyenne envergure s’essouffle dans les années 40. Le cheptel, qui comptait 26 millions de têtes en 1940, stagne jusqu’en 1948, puis diminue dès les années 50.
Après plusieurs mesures incitant le développement des coopératives, le gouvernement déploie un vaste mouvement de collectivisation des exploitations. Ainsi, 98% des exploitations sont membres de coopératives en 1959, pour seulement 35% au début de 1958. Le système des coopératives est restructuré, leur nombre est ramené à 389, avec une moyenne de 43 000 têtes de bétail par coopérative.
A partir de 1961, une part importante de l’aide soviétique est consacrée à l’exploitation des ressources minières. Des villes sont construites de toutes pièces, comme Darkhan au début des années60, Erdenet en 1973 et Baganuur en 1978. Les ressources minières jouent dès lors un rôle important dans la balance commerciale de la RPM. Par l’augmentation du poids de ses exportations vers l’URSS, elles permettent de compenser ses importants besoins en produits manufacturés et agricoles russes. Ainsi, dans les années 70, l’aide extérieure diminue : de 1948 à 1952, près de 55% de l’économie mongole provenaient de crédits soviétiques, pour moins de la moitié entre 1961 et 1970. Entre 1971-1975, sous l’administration du premier ministre J.Batmunkh (1984), l’économie mongole se renforce et le pays entre dans une période de relative prospérité.
Dès le milieu des années 80, sous l’administration du premier ministre D.Sodnom, le schéma socialiste essuie plusieurs échecs. Certaines adaptations deviennent inévitables. Ainsi, en 1987, le droit à la propriété privée du bétail est élargi, signe précurseur du changement démocratique.