Fêtes traditionnelles
Le cycle festif
En Mongolie, deux grandes fêtes nationales scandent l’année : Naadam des 11, 12 juillet, et le Nouvel An, le Tsagaan sar, dont la date dépend du calendrier semi-lunaire. Elles donnent lieu aux deux grandes périodes de congé de l’année administrative et scolaire. Il faut ajouter au nombre des jours chômés la « Journée de la femme », le 8 mars, la « Journée des enfants » et la « Journée de commémoration de la Mongolie démocratique », le 26 novembre. Les Mongols célèbrent également les anniversaires et d’autres étapes de la vie.
Fêtes du cycle saisonnier
Les deux grandes fêtes nationales de Mongolie, le « Mois blanc » et les « Trois Jeux virils» marquent respectivement l’entrée dans le printemps et dans l’automne. La première, survenant pendant la saison froide, correspond à une fête familiale, tandis que la seconde, organisée durant la saison chaude, prend l’allure de grands rassemblements collectifs. Le Nouvel An comme les « Jeux virils » ne correspondent pas à des célébrations uniques et isolées, mais davantage à des périodes de réjouissance.
En 1267, quand Khubilai khan sa capitale à Pékin, il modifia le calendrier mongol selon de modèle chinois, déplaçant le début de l’année à la première lune de printemps. Cette réforme entraîna une inversion de la saison d’organisation traditionnelle du Nouvel An et des Naadam. Elle fixa le Nouvel An au début du printemps et le Naadam à l’ouverture de l’automne, alors qu’ils fermaient auparavant la saison chaude et la saison froide. On peut, dès lors, comprendre pourquoi le Nouvel An s’appelle « Mois blanc » alors qu’à la période où on le célèbre, les laitages ne sont pas encore disponibles, et pourquoi le Naadam est censé attirer la pluie alors qu’il survient à la fin de la saison des pluies.
Nouvel An
Les moines bouddhistes calculent chaque année la date du Nouvel An mongol selon le calendrier semi-lunaire bouddhique, comportant des cycles de soixante ans composés de cinq éléments associés à douze animaux. Hormis les années à 13 mois, tous les quatre ans, le « Mois blanc » mongol survient un jour avant le Nouvel An chinois.
Le « Mois blanc » dure plusieurs jours, voire semaines. Pendant le Nouvel An, on effectue des certaines de visites, d’abord au sein de sa famille, restreinte les premiers jours aux plus proches parents, des plus âgés aux plus jeune, et élargie les jours suivants, puis à ses collègues de travail et, enfin, aux amis et connaissances. Une trêve oblige à mettre de côté les inimitiés. Le Nouvel An consacre ainsi ce que les Mongols tiennent pour très précieux : relations sociales.
Chaque visite constitue l’occasion d’un festin de viande sur l’os, accompagné de buuz et souvent bien arrosé. On y offre di thé contenant obligatoirement du lait, conservé depuis l’automne à cette fin ou obtenu des premières mises bas. Quand il survient tôt, le Nouvel A ouvre une période de soudure, car les éleveurs utilisent leurs dernières provisions d’hiver pour préparer les festins et doivent, ensuite, attendre l’engraissement du bétail pour profiter à nouveau des ses fruits.
Aucune des visites effectuées ne répond à une invitation, chacun devant rendre hommage à ses aînés et suivre le protocole. Lors de chacune d’elles, avant de partir, l’invité reçoit un cadeau afin d’attirer sur lui prospérité pour l’année à venir et pour la famille qui reçoit, l’abondance autorisant à donner sans compter.
Naadam
La fête nationale d’été, les « Trois Jeux virils », est organisé les 11 et 12 juillet à Oulanbator, ainsi que dans toutes les capitales d’aimag et dans les centres de sum. Au niveau national, les jeux sont la lutte, les courses de chevaux, le tir à l’arc et, depuis 1998, le tir d’osselets. Alors qu’il existait traditionnellement trois Naadam (« jeux »), on en compte aujourd’hui quatre.
Aux niveaux des sum, les Naadam ne comprennent que de la lutte et des courses de chevaux, le tir à l’arc étant souvent absent. Cependant, gouvernement a décrété en 2004 le tir à l’arc obligatoire dans les Naadam d’aimag. Le grand Naadam d’Oulanbator reste le plus complet, le plus prestigieux et le plus apprécié.
Jusqu’en 1992, la date des 11 et 12 juillet commémorait la Révolution populaire socialiste. En 1993, une partie de la population organisa un contre Naadam, les 13 et 14 juillet dans la capitale de Tov aimag, Zuunmod, située à quelques kilomètres d’Oulanbator. Mais la tentative n’eut pas de suite et la date du grand Naadam ne fut pas modifiée.
Le grand Naadam ouvre la saison des petits Naadam. D’autres Naadam sont en effet organisés en juillet et en août dans les centres de sum, les aimag ou entre eux, au niveau des régions. Ils commémorent différents événements : une bonne année, un anniversaire officiel.
Au début des années 90, la figure de Gengis khan fut introduite dans le Naadam. Depuis, le héros historique tend à en devenir l’autorité tutélaire et destinatrice. En Mongolie, il n’existe pas d’année sans Naadam, leur absence signifiant une grande sécheresse. Pour les éleveurs, après le Naadam commencent l’automne et la préparation de l’hiver.
Les courses de chevaux
Les courses de chevaux font la fierté des Mongols. C’est le Naadam préféré des éleveurs. Il existe huit catégories de coursiers : cinq catégories de hongres, selon leur âge, la catégorie des étalons et celle des ambleurs. Les poulains de 2 ans (daaga) galopent 15 km, les poulains de 3 ans (shudlen) 20 km, les hongres de 4 ans (hyzalan), 25km et ceux de 5 ans (soyoolon) 28 km. Cette distance est également celle de la course des étalons (azraga). Les hongres de plus de 6 ans, les ih nas (« vieux »), courent 30 km. Montés par leur entraîneur, les joroo (« ambleurs ») courent 15 km. Cette dernière course, atypique, est organisée le 13 juillet, séparément des autres, après la clôture officielle des Jeux lors du « Naadam des entraîneurs ».
Les courses mettent à l’épreuve les capacités du cheval et de l’entraîneur. Les coursiers étant toujours des mâles, elles conservent une valeur virile. Le jeune cavalier guide le cheval, il ne joue qu’un rôle mineur dans la victoire. Ce sont des enfants de 6 à 12 ans, garçons ou filles, choisis pour leur jeune âge, leur légèreté et leur ignorance. Un coursier arrivant sans cavalier ne sera pas disqualifié, mais seulement pénalisé d’une place. Dans les louanges destinées aux perdants, la défaite du coursier est parfois impartie à l’inexpérience de l’enfant, mais le plus souvent la faute revient à l’entraîneur ou au destin. Le cheval, quand à lui, est toujours parfait.
Les courses se déroulent suivant le même modèle : les chevaux montés effectuent une première fois le trajet de la course au pas, en prenant ainsi connaissance. Arrivés au point de départ effectif de la course et au signal des organisateurs, faisant demi-tour, ils s’élancent au galop. Les cavaliers sont parfois désordonnés pendant ce demi-tour. Ceux qui restent en selle encouragement leur monture jusqu’à la ligne d’arrivée.
A cet instant, les « preneurs de cheveux »
Attendent les cinq premiers pour leur remettre un numéro. Le public les attend également avec impatience. Le gagnant est assailli, chacun voulant récupérer un peu de sa sueur, support de chance. Dans chaque course, les cinq premiers sont les « Cinq du lait de jument fermenté », car on les récompense par des onctions d’airag sur la tête, l’encolure et la croupe. Ils recevront également une louange versifiée, clamée en public, devant les autorités organisatrices du Naadam. La renommée du troupeau dont provient le coursier gagne en prestige, mais la victoire revient surtout à l’entraîneur, qui reçoit une louange et des récompenses matérielles.
La lutte
Dans la lutte mongole, il n’existe pas de catégorie de taille, d’âge ou de poids. Le nombre de manches, et donc de participants, varie en fonction de l’ampleur du tournoi et de son échelon : sum, aimag, région ou pays. Les tournois de lutte des Naadam nationaux comportent neuf tours durant lesquels s’affrontent 1024 lutteurs. Les lutteurs concourent pour le titre d’ulsin avraga, c’est-à-dire de « champion national », auquel on ajoute des épithètes en cas de victoires répétes. Celui qui remporte trois fois le tournoi national devient Dayan avraga (« champion suprême »), la quatrième fois darkhan avraga (« champion sacré »), etc.
Lors d’un tournoi d’ampleur plus restreinte, quand 512 lutteurs s’affrontent pendant huit tours, le gagnant reçoit le titre d’Arslan (« lion »). Les gagnants du cinquième et du septième tour reçoivent les titres de zaan (« éléphant ») et de nachin (« faucon crécerelle »). Les Naadam de sum ne comprennent pas plus de sept tours ; il est d’ailleurs difficile de rassembler 256 lutteurs à l’échelle d’une vallée.
Les titres obtenus sont hiérarchisés en fonction de l’échelon d’organisation. Ainsi, un « éléphant » ou un « crécerelle » d’aimag, lui-même inférieur à un « éléphant » ou à un « crécerelle » national. Les gagnants reçoivent également des récompenses symboliques (aliments blancs, éloges chantés) et des cadeaux matériels généralement attractifs (jeep russe, tapis en cachemire, argent, etc,)
Le combat s’ouvre par un rituel au cours duquel le lutteur tournant autour du zasuul, son entraîneur, imite des animaux sauvages : le vol d’un rapace ou de Garuda, oiseau mythique du bouddhisme. Cette chorégraphie marque l’entrée du chaque l’entrée de chaque lutteur sur le terrain. Tandis qu’il en fait le tour, le lutteur est annoncé par le zasuul, qui calme son nom, sa région d’origine, ses titres, et le cadre officiel d’organisation du Naadam. Le zasuul ayant pris le chapeau du lutteur, ce dernier adopte la position d’affrontement signifiant qu’il est prêt à lutter. Quand les deux adversaires se font face, le combat commence.
Pour gagner, il faut faire tomber son adversaire. A la fin du combat, le perdant dénoue sa ceinture et le moins titré passe sous le bras du plus fort en titre. Le gagnant fait ensuite reconnaître sa victoire en répétant sa chorégraphie autour des drapeaux nationaux, auquel s’ajoutent aujourd’hui les neuf queues de yack du tug, l’étendard gengiskhanides.
Le tir à l’arc
Le tir à l’arc est le moins apprécié et le moins connu des Naadam. Tombé en désuétude au cours du XIXe siècle, il a définitivement perdu ses qualités viriles au cours du XXe siècle, à la suite de sa féminisation.
La distance entre tireur et les cibles est de 65 m pour les femmes et de 75m pour les hommes. La compétition se divise en deux temps : les tirs sur le « mur de cibles » et les tirs sur les « demi-cibles ». Dans le premier cas, il suffit de pénétrer le rectangle qui encadre les cibles pour gagner alors que, dans le seconde, il faut toucher les cibles. Sur chaque catégorie de cibles, les manches se divisent en périodes de quatre tirs. Les hommes tirent en tout quarante flèches, vingt sur le « mur cibles » et vingt autres sur les « demi-cibles », et les femmes, seulement trente-six, dix-huit sur chaque catégorie de cibles.
Quand ils ne tirent pas, ils ne tirent pas, les tireurs s’installent autour du rectangle encadrant les cibles pour remplir la fonction des soutiens. Ils indiquent par une gestuelle et des mélodies longues, fixes et stéréotypées, les résultats des tirs. Ces « soutiens » n’arbitrent pas la partie, les juges se trouvant dans les tribunes, en dehors de l’air de jeu. Ils aident l’archer à ajuster ses tirs.
Le tireur gagnant reçoit le titre d’Ulsin mergen (« adroit national »). Tous ceux qui ont effectué trente-deux tirs gagnants reçoivent le titre de sportin master (« maître sportif »), et ceux qui en ont réalisé trente, celui de sportin master (« vice-maître sportif »). En plus de ces titres, et des épithètes qui marquent les victoires répétées, les tireurs gagnants reçoivent des cadeaux matériels.